Covid-19

Alter Justice
Dernière mise à jour :
18 août 2021

Québec, le 19 mai 2020 – Le Québec fait toujours face à une crise sans précédent. Alter Justice, Relais Famille et la Société John Howard du Québec demandent au Gouvernement du Québec et au Gouvernement du Canada de prendre d’urgence des mesures sanitaires afin de contenir la propagation de la Covid-19 dans les établissements de détention (prisons et pénitenciers). Nous tenons à souligner les initiatives prises dans les dernières semaines. Force est d’admettre qu’elles ne sont malheureusement pas suffisantes lorsqu’on observe la situation du centre de détention de Montréal (prison de Bordeaux.

« Les mesures sont intéressantes, mais des personnes détenues nous mentionne qu’elles sont appliquées à géométrie variable. Juste à voir la situation de Bordeaux, la plus grosse prison du Québec, laisse présager des problèmes à venir dans les autres centres de détention. Il faut des mesures claires, rapides et efficaces », mentionne Daniel Poulin-Gallant, directeur général d’Alter Justice.

« Il faut se rendre à l’évidence qu’il n’y a pas de sécurité publique sans santé publique dans cette pandémie. Nous exhortons les dirigeantEs à prendre des mesures pour protéger l’ensemble de notre communauté, y compris les personnes derrière les barreaux. Les personnes incarcérées comptent aussi.», affirme Samira Figuigui, directrice générale de la Société John Howard du Québec.

« Depuis maintenant un peu plus de deux mois, les visites des familles dans les pénitenciers et centres de détention ont été suspendues, pour des raisons sanitaires et ce, à juste titre. Malheureusement, l’accès au téléphone ou à la visioconférence pour garder le lien n’est pas à la hauteur de ce qu’avaient annoncé les services correctionnels au niveau provincial et fédéral. Il est impensable que cette situation perdure encore comme ça. Il en va de la santé physique et mentale de toutes et tous – familles et détenu.es –. Il est grand temps de prendre les mesures nécessaires », ajoute Sophie Maury, coordonnatrice de Relais Famille.

Le Gouvernement du Québec a annoncé des libérations anticipées, mais les critères sont tellement restrictifs que peu de personnes peuvent en bénéficier. Il est urgent d’intervenir dans les prisons du Québec et les pénitenciers au Canada afin d’éviter les infections massives et les décès.

Alter Justice, Relais Famille et la Société John Howard du Québec demandent donc aux gouvernements du Québec et du Canada, ainsi que leur Ministère de la Sécurité publique respectif, de :
– Réduire de manière responsable et rapide la population carcérale (sauf les personnes présentant un grand risque pour la société) :

  • La surpopulation carcérale ne permet pas une distanciation physique et met en danger la santé du personnel et des personnes incarcérées ;
  • L’incarcération peut être comparée à une condamnation à mort des nouvelles personnes admises en détention.

– Réviser l’arrêté ministériel permettant une libération anticipée selon le cas :

  • La permission de sortir pour raison médicale est déjà une prescription légale, les personnes les plus fragilisées ne devraient pas être détenues et encore moins dans les circonstances actuelles ;
  • Cet arrêté ne concerne qu’une infime partie de la population carcérale au Québec.

– Ne pas recourir à l’isolement cellulaire :

  • Installer une zone de quarantaine médicale en préservant les activités dans une aile dédiée et non pas mettre les personnes en isolement cellulaire en raison de symptômes ou de la COVID-19 ;
  • Assurer des services de santé physique et mentale fréquents.

– Préserver la sécurité sanitaire et publique :

  • La population carcérale fait face à des risques de mortalité sans capacité de se protéger.

– Garantir et protéger de la santé physique et mentale des personnes incarcérées ainsi que du personnel carcéral ;

  • Le taux d’infection démontre que les mesures mises en place ne sont pas suffisantes et sont INADÉQUATES à la pratique pénitentiaire ;

– Protéger la dignité des personnes incarcérées.

La suspension des activités non essentielles ainsi que la limitation de contacts humains peuvent grandement dégrader la santé mentale et physique des personnes incarcérées. Dans ces conditions, nous demandons aux gouvernements d’augmenter l’accès au téléphone dans les établissements correctionnels provinciaux et fédéraux en supprimant les coûts d’appel en cette période de stress et d’incertitude, autant pour les personnes incarcérées que pour leurs proches ou les organismes d’aide à l’extérieur des centres de détention.

Nous dénonçons aussi :
– Qu’il n’y ait pas ou peu de distanciation physique entre les personnes incarcérées ;
– Que les détenu-e-s faisant le ménage, le service de repas et autres activités du genre n’aient pas accès à des gants, des masques ou des produits nettoyants appropriés ;
– Qu’il n’y ait pas de réponse appropriée aux demandes médicales, notamment sur les délais avant d’avoir une réponse ;
– Que la santé mentale des personnes détenues soit mise à mal par un confinement en cellule allant jusqu’à 24 heures sur 24, dépendamment des centres de détention ;
– Que le droit d’accès aux douches ne soient pas respecté ;
– Et que le sentiment de panique, exacerbé par le confinement en détention, ne soit pas adressé par les autorités carcérales.

Nous poursuivrons notre travail avec ardeur dans les prochaines semaines afin de soutenir les personnes incarcérées, mais aussi leurs proches tout autant touché-e-s par la situation.

Le numéro d’Alter Justice (418 522-4343), accessible aux personnes incarcérées dans les prisons provinciales, reste actif. Nous continuerons d’accepter les appels à frais virés des centres de détention provinciaux.

Le service d’aide de Relais Famille pour les proches de personnes incarcérées reste aussi en activité au 1 855 419-6632.

À propos d’Alter Justice

Alter Justice est un organisme à but non lucratif qui offre divers programmes d’intervention, d’information et de soutien à l’intention des personnes touchées par la judiciarisation et la détention dans un établissement correctionnel du Québec (sentence de deux ans moins un jour).

À propos de Relais Famille

Relais Famille est un organisme à but non lucratif qui offre un service d’aide aux familles ayant un proche en instance de détention, en détention ou en libération à la suite d’un emprisonnement. Ces familles se sentent bien souvent isolées. Relais Famille les appuie et les aide à vivre le plus sereinement possible leur situation.

À propos de la Société John Howard du Québec

La Société John Howard du Québec est un organisme charitable à but non lucratif provincial dont la mission est de fournir une gamme de services communautaires à travers le Québec pour répondre au problème du crime et ses conséquences. L’organisme offre des programmes de soutien pour les personnes incarcérées dans un établissement pénitencier fédéral (sentence de deux ans plus un jour).

Pour informations et entrevues

Samira Figuigui, directrice générale – Société John Howard du Québec
Par courriel

Daniel Poulin-Gallant, coordonnateur – Alter Justice
418 522-4343
Par courriel

Sophie Maury, directrice – Relais Famille
Par courriel

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